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Existe-t-il une façon chrétienne de faire l’amour ?

Ce n’est certes pas à l’Eglise d’indiquer quelles sont les positions du Kama Sutra que l’on peut pratiquer en couple. Cependant, à cause de l’infiltration de la pornographie dans toutes les strates de la culture, sans vouloir s’immiscer dans le lit des époux, l’Eglise nous rappelle un certain nombre de principes fondamentaux sur la sexualité, de façon à favoriser le respect des corps, qui sont, selon les mots de Saint Paul, des « temples de l’Esprit Saint ». (1 Co 6, 19)

Rappelons tout d’abord que l’expression « faire l’amour » n’est pas très heureuse, parce que « faire » désigne les œuvres que nous produisons (une peinture, un bateau, une maison...) alors que la relation sexuelle s’inscrit plutôt dans l’ordre de « l’agir », c’est-à-dire d’actes personnels qui engagent tout notre être, et simultanément, nous perfectionnent. C’est d’ailleurs pour cela que les derniers Papes, loin de sous-estimer la beauté de la sexualité, l’ont valorisé maintes fois dans leurs enseignements. Le Pape Jean-Paul II est même allé jusqu’à affirmer que la sexualité est un acte « hautement religieux » puisqu’il reflète la relation d’amour du Dieu trinitaire et participe à l’acte créateur de Dieu. (Evangelium Vitae § 43)

Beaucoup de couples chrétiens se trouvent désemparés devant notre monde devenu tellement hédoniste. Ce qui, il y a encore trente ans, n’apparaissait que dans quelques mauvaises revues, a fini par se distiller dans la culture et à infester les mœurs sexuelles d’un grand nombre de couples modernes. Des soi-disant experts en sexualité inondent de bons conseils les radios-jeunes et les magazines féminins : Il faut tout essayer, pourvu d’obtenir de « nouvelles expériences » et de multiplier ses « orgasmes ». Ceux qui n’entrent pas dans le jeu sont ringards. Alors certains chrétiens se laissent finalement séduire : « Après tout, pourquoi pas ? Si c’est fait avec amour... ».

Le grand problème, c’est que ceux qui pratiquent ce genre de sport risquent d’être fort déçus par les effets secondaires de ces curieuses pratiques. On devient l’esclave de nos passions quand on réduit toute son existence à assouvir ses pulsions sexuelles. Le sentiment de n’être qu’un objet nous enferme dans notre solitude. Comme le dit saint Paul : « Qui sème dans sa chair, récoltera de la chair la corruption ; qui sème dans l’esprit, récoltera de l’esprit la vie éternelle. » (Gal 6, 8).

Notez bien que le christianisme n’est pas hostile à la sexualité : Jean-Paul II a consacré pas moins de 129 discours pour commenter dans les Ecritures toute la beauté de ce qu’il a appelé « la théologie du corps ». George Weigel a même affirmé que cette réflexion était une « bombe à retardement théologique » : car le chef de l’Eglise catholique affirme sans complexe que la sexualité est un chemin privilégié pour comprendre le mystère de l’être intime de Dieu à travers le don absolu de soi-même.

Il n’en demeure pas moins vrai qu’aimer s’oppose à utiliser. Lorsque j’ai en face de moi une personne, il ne peut être question - sauf à la faire déchoir de son statut de personne - de l’utiliser. Car utiliser l’autre, c’est en faire un objet, c’est dégrader la personne du rang de sujet à celui de chose.