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Témoignage concernant un séminaire de l’Institut Missionnaire de Toulon

Qu’y a-t-il de nouveau dans la nouvelle évangélisation ?

Le terme de "nouvelle évangélisation" est utilisé par Jean-Paul II depuis le début de son pontificat. En 1983 à Port au Prince en Haïti, il déclarera dans un discours sur la nouvelle évangélisation de l’Amérique Latine "(il s’agit) non d’une ré-évangélisation, mais d’une nouvelle évangélisation. Nouvelle en son ardeur, dans ses méthodes, dans son expression."

Cette nouveauté puise ses racines dans le Concile Vatican II. Dans sa lettre Tertio Millenio Adveniente Jean-Paul II déclare : "Sur le chemin de la préparation du rendez-vous de l’An 2000 s’inscrit la série de Synodes commencée après le Concile Vatican II : Synodes généraux et Synodes continentaux, régionaux, nationaux et diocésains. Le thème fondamental est celui de l’évangélisation, et même de la nouvelle évangélisation, dont les bases ont été posées par l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi de Paul VI, publiée en 1975 après la troisième Assemblée générale du Synode des Évêques. Ces Synodes font déjà par eux-mêmes partie de la nouvelle évangélisation : ils résultent de la conception du Concile Vatican II sur l’Église ; ils donnent une grande place à la participation des laïcs, dont ils déterminent la responsabilité spécifique dans l’Église ; ils sont l’expression de la force que le Christ a donnée à tout le peuple de Dieu, le rendant participant de sa mission messianique, mission prophétique, sacerdotale et royale. Le deuxième chapitre de la constitution dogmatique Lumen gentium contient des affirmations très claires à ce sujet." (TMA, 21) Ainsi, la "nouvelle évangélisation" selon Jean-Paul II est le concept clé qui permet de comprendre l’expérience ecclésiale depuis le Concile jusqu’à la célébration du Jubilé.

Vous avez lancé la première session en France de formation à la nouvelle évangélisation. Pourquoi se former ?

Il y a un travail théologico-pastoral à entreprendre pour mettre en oeuvre cette nouvelle évangélisation. Nous avons à passer à une dynamique nouvelle : celle de la croissance de l’Eglise. Il est donc nécessaire d’étudier les critères théologiques, bibliques et spirituels qui permettent une fécondité réelle, une croissance efficace.
Dans le même temps, la pastorale prioritaire de l’Église dans le service fondamental de l’évangélisation requiert un instrument de vérification pour que la croissance de l’Église soit efficace, féconde et équilibrée. Le processus d’intégration mis en place dans Evangelii nuntiandi se révèle précieux pour le discernement des méthodes et des stratégies missionnaires. L’intégration permet une vision de totalité tout en situant les éléments partiels de l’évangélisation à leur juste place.

Cette session se situait dans le cadre d’une formation plus longue que nous avons mis en place depuis la rentrée dernière : le Parcours Nouvelle Evangélisation, une formation répartie sur deux années dont 550 heures la première année.

Comment avez-vous choisi les thèmes abordés, les intervenants ?

Le but de la session que nous venons de vivre était de faire découvrir aux participants la pertinence de la méthode d’intégration et de présenter les fondements d’une vision organique et biblique de la croissance de l’Eglise. L’intervenant principal est le concepteur du Parcours Nouvelle Evangélisation, le Père Mario Saint-Pierre. Prêtre canadien, le Père Mario est venu dans notre diocèse pour nous aider à mettre en forme ce programme de formation longue. Il travaille depuis de longues années sur ces questions de l’intégration et de la croissance de l’Eglise. Intervenaient également les Père Laurent Perru et Pierre Fresson, et moi-même, qui formons l’équipe d’animation du Parcours Nouvelle Evangélisation.


Père Pidolle, racontez-nous la suite ! Vous avez débarqué dans cette session en provenance directe de Bitche... en quoi ce thème vous intéressait-il ?

Depuis quelques années, j’entendais parler de la ‘nouvelle évangélisation’, surtout dans différents textes du Saint-Père, mais sans trop chercher à approfondir cette réalité. J’entendais parler aussi de différentes expériences d’évangélisation comme les missions paroissiales, les cellules paroissiales, ou encore KEKAKO. Cela me semblait tout à la fois très beau et... lointain.

Et puis, il y a quelques mois, les choses s’accélèrent : il me semble que Jean-Paul II (relayé quotidiennement sur internet grâce à ZENIT) en parle de plus en plus et je suis vraiment interpellé par sa voix qui est celle du Vicaire du Christ ; je vis également avec la Jeunesse Franciscaine une session KEKAKO, puis j’entends le P. Mario SAINT-PIERRE, qui préparait ce parcours ‘nouvelle évangélisation’, insister sur la nécessité d’avoir une vision de croissance pour l’Eglise, sur un concept intégral d’évangélisation (citant l’intervention de Karol WOJTYLA - Jean-Paul II aujourd’hui - au 1er synode consacré à l’évangélisation en 1974). La convergence de ces événements, voulue par l’Esprit Saint, m’a convaincu de l’importance urgente de me former en la matière.


Qu’avez-vous reçu au cours de la session ? Vous a-t-elle donné un nouveau souffle ?

Oui ! Je dirais surtout qu’elle a animé, attisé le feu missionnaire de l’Esprit Saint donne à chaque baptisé confirmé, et aussi à chaque prêtre. Cette session m’a permis de comprendre intérieurement que les différents éléments de l’évangélisation -que l’on oppose malheureusement trop souvent- s’unissent, comme les tisons, dans et par la charité du Christ, le premier et le grand Evangélisateur (Paul VI). C’est ce qu’on appelle en terme technique ‘le principe d’intégration’ : chaque élément de l’évangélisation -le témoignage de vie, l’annonce explicite de Jésus, l’accueil de l’autre, le service des pauvres, la transformation de la société selon l’Evangile, les différentes formes anciennes et nouvelles d’apostolat...- révèle le Tout qu’est Jésus, « en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Saint Paul), et appelle, complète et enrichit les autres.

Nous sommes vraiment à un nouveau printemps de vie chrétienne (Jean-Paul II, TMA 18) : au printemps, ce sont les mêmes arbres qu’en hiver, mais qui, sous la poussée de la sève, s’accroissent, s’embellissent, s’harmonisent, attirent le regard, l’odorat ... Rien n’est renié du passé qui marque l’arbre, mais quelque chose de nouveau surgit, intégrant toute la réalité de l’arbre.

La ‘nouvelle évangélisation’, c’est la foi portée par vingt siècles de tradition de l’Eglise, récapitulée et enrichie à Vatican II par le Mystère du Christ et de l’Eglise, pour être donnée au monde comme lumière d’espérance et d’amour, dans la douce force de l’Esprit Saint.


Comment allez-vous en vivre ?

- Un : en vivant personnellement davantage dans une perspective missionnaire.

- Deux : en partageant également les richesses de cette session à ceux que le Seigneur me donne de rencontrer, particulièrement dans mon ministère sacerdotal.

- Trois : en continuant de me former, car les fondements de la ‘nouvelle évangélisation’ sont nombreux.

Nous avons reçu à cette session une partie des fruits du 1er semestre du parcours ‘nouvelle évangélisation’. Ce serait formidable qu’il y ait d’autres sessions pour ceux qui viennent de plus loin... Un immense merci à l’Institut missionnaire du diocèse de Toulon !