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Succès des chartreux au cinéma : "Le grand silence" fait salle comble

Contre toute attente, le recueillement monacal peut faire recette au cinéma. Le Grand Silence, long documentaire de près de trois heures de Philipp Gröning sur la vie quotidienne des moines chartreux remporte en salles un succès exceptionnel. Scandé uniquement par les psaumes à l’office, Le Grand Silence a fédéré, depuis sa sortie en salles le 20 décembre, près de 86 000 spectateurs. C’est l’un des plus beaux succès de la salle L’Arlequin, à Paris, qui n’avait connu des taux de remplissage de plus de 80 % qu’avec Jacques Tati ou Joseph L. Mankiewicz.

"Nous avons un public très hétéroclite, composé à la fois de pratiquants, de nonnes, de prêtres en soutane, mais aussi des curieux, des jeunes qui s’intéressent à cet ovni cinématographique", souligne Juliette Maynial, des Ecrans de Paris, le groupe auquel appartient L’Arlequin. "A certaines séances, on a vu des personnes prier, d’autres sont venues voir ce film comme s’ils venaient à un pèlerinage."

Le distributeur, Diaphana, a opté pour un lancement du film a minima, sans campagne publicitaire tapageuse. Un document de six pages a été présenté à la Conférence des évêques, à des diocèses. Des partenariats ont été scellés avec le groupe Bayard (Panorama, Le Pèlerin et La Croix). Seules trois avant-premières ont été organisées, notamment devant les familles des chartreux, à Grenoble.

Diaphana a refusé de multiplier le nombre de copies du film à Paris, où il est diffusé dans deux salles uniquement, L’Arlequin et le Lincoln. "Nous avons refusé de donner des copies à toutes les salles qui le demandaient, pour nous concentrer sur deux salles qui ont multiplié le nombre de séances", souligne Olivier Geslin, directeur du marketing de Diaphana. En province, en revanche, le nombre de copies augmente depuis la sortie du film : il est passé de dix à vingt-six en quatrième semaine.

Ce marketing ciblé sur l’Eglise a déjà permis au film de bien marcher en Allemagne et en Italie en 2006. Dans ces deux pays, il a attiré 200 000 spectateurs. En Espagne, où il est diffusé depuis la fin novembre, ce documentaire a même été diffusé dans une église à Burgos. A Madrid, au cinéma Renoir Princesa, la vie des chartreux a totalement éclipsé au box-office la comédie Borat. La caissière de ce cinéma a expliqué dans El Pais que le public du Grand Silence, peut-être pour ne pas perturber la quiétude de la séance, n’était en rien consommateur de pop-corn.

Source : Nicole Vulser journaliste au Monde

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