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Quelle éducation chrétienne pour nos enfants ?

Trop souvent on pense que l’éducation chrétienne consiste à transmettre un certain nombre de « valeurs » enseignées et promues par l’Eglise. Ces « valeurs » sont une formulation abstraite et idéaliste de ce que nous rêverions de devenir. Les jeunes d’aujourd’hui n’en sont pas dupes, et manifeste peu d’intérêt à cet égard.

L’éducation chrétienne se résume généralement à une formation morale relativement simple, à la transmission de certaines traditions, et d’un noyau dogmatique un peu rigide tournant autour du Credo. Une telle « transmission » peut ressembler davantage à une forme de dressage, qu’à une « éducation » . S’il y a aujourd’hui une redécouverte positive de la dimension spirituelle dans l’éveil à la foi et à la prière des tout-petits, les difficultés se retrouvent dès que l’enfant grandit, quant au contenu de l’éducation chrétienne.

Regardons comment le Christ « éduquait » ses disciples, selon les évangiles. Il rappelle bien parfois la nécessité d’obéir aux 10 commandements, mais formaliser le contenu de ses enseignements propres serait délicat. Il répond rarement aux questions - il en pose - et ne demeure jamais dans une réflexion abstraite. Il renvoie ses interlocuteurs à eux-mêmes, les invitant à s’ancrer dans leurs expériences. Jésus ne cherche pas d’abord à enseigner ou à transmettre quelque chose à ses apôtres mais Il les invite à vivre avec Lui, à découvrir le mystère de sa propre vie et de sa Personne, comme par apprentissage.

A la suite de Jésus, comprenons qu’éduquer un enfant, c’est l’aider à découvrir les choses lui-même, en lui permettant d’accéder au réel et en acceptant d’y faire face avec lui. Cela oblige les parents à poursuivre leur auto éducation et à accepter de se laisser ré-interroger, même si bien sûr, ils ont une longueur d’avance ! Eduquer ne consiste donc pas à faire passer ses convictions à force d’arguments affectifs, mais à aider l’autre à accéder aux lumières qu’on a vraiment découvertes afin qu’il puisse les faire siennes.

Les pauvres auxquels Jésus s’adresse dans l’Evangile n’ont pas les moyens de rêver un monde autre qu’il n’est. Ils sont plongés dans un réel humain et réclament un peu de lumière pour avancer. Leur question est celle de l’espérance. Ils ont plus besoin de la rencontre d’une personne par laquelle ils pourront recevoir une lumière que d’un enseignement fait de mots. En guise d’éducation Jésus donne sa Personne à découvrir. Il introduit ses disciples dans le secret de ce qu’Il vit. Il ne s’oppose pas à la Loi ; Il la désigne comme un cadre religieux utile mais impuissant à donner l’espérance, et comme en attente de sa Présence.

D’une façon analogue, éduquer un enfant en en se bornant à lui présenter la loi morale risque de le conduire vers le désespoir, car on y manque toujours : la loi ayant surtout pour but de nous rendre lucides sur notre incapacité à être vraiment humains sans la présence d’autrui et du Christ ! Remarquons que si on pense généralement à éviter le mal, on pense peu à éduquer à la créativité dans l’ordre de l’amour, à l’intelligence du bien. Jésus, Lui, s’occupe du bien, et fait découvrir sa dépendance positive envers le Père.

Pour éduquer, on n’a donc pas besoin de tout savoir. L’intérêt authentique - que l’enfant saura bien discerner - que nous manifesterons à l’égard du mystère du Christ sera plus fécond que des explications. Le contenu catéchétique n’a son sens que greffé sur une expérience de vie intérieure personnelle à l’égard de Dieu et dans la relation à autrui. Conduire vers le mystère est plus important que de formuler des définitions. Le cœur d’une véritable éducation chrétienne est de permettre à l’enfant de découvrir cet Autre qu’est Jésus, et en Lui, Dieu.

Concrètement, on doit tout d’abord éduquer l’enfant à adorer son Dieu : à découvrir Sa présence, et qui est Dieu pour lui. Cette découverte personnelle donnera d’ailleurs à l’enfant une vraie autonomie. Il est important ensuite de l’aider à se nourrir directement de la parole de Dieu qui devrait être dans une famille chrétienne comme une part de l’héritage. Les sacrements sont le troisième lieu de l’éducation chrétienne de l’enfant : on lui fera découvrir qu’ils ne sont pas tant des rites que des rendez-vous, comme l’engagement du Christ à rencontrer chacun et à être présent dans la communauté qu’Il a choisi de former. L’enseignement de l’Eglise n’a pas d’autres buts que d’éduquer notre palais à savourer la présence de Dieu dans sa Parole et dans ses sacrements.

Notons enfin que si autrefois on était éduqué en bonne part par le milieu environnant, aujourd’hui, la qualité d’engagement personnel de chacun est essentielle. Elle ne peut être limitée à celle des parents, elle concerne les frères et sœurs, grands parents, prêtres, religieux... C’est toute l’Eglise qui est invitée à être ce réseau éducatif, communauté de gens qui acceptent de se laisser traverser par le mystère et qui reçoivent la lumière les uns par les autres.