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Qu’est-ce que la Bible ?

Plus d’un chrétien, en se trouvant seul à seul devant une Bible, se sent désemparé : tant de livres, tant de personnages, et tant d’histoires farfelues ! C’est vrai qu’on y trouve de tout : des poèmes d’amour, des histoires érotiques, des meurtres crapuleux, des lettres dogmatiques, le récit de la Création, les cieux ouverts de l’Apocalypse...

Un guide s’impose. Avant toute chose, demandons-nous : Qu’est-ce que la Bible ?

Si on la regarde un peu plus attentivement, on y retrouve souvent les expressions suivantes : « Dieu dit... » ou bien « Jésus parla... ». C’est ce que nous révèle la foi du catéchisme :

La Bible n’est rien moins que la PAROLE DE DIEU.

Cela veut-il dire que les Cieux se sont ouverts, qu’une voix a parlé et que les hommes ont tout écrit comme les écoliers à la dictée ? L’histoire nous prouve le contraire : le texte qui compose la Bible a été écrit sur plus d’un millénaire, en trois langues (hébreu, araméen et grec), on ne dispose que de manuscrits qui sont des copies de copies de copies... et sont parfois contradictoires !

Cependant l’expression « Parole de Dieu » est exacte... mais pour la comprendre, il faut ajouter que c’est une Parole :

- révélée par Dieu aux hommes,
- transmise au long des générations,
- inspirée par l’Esprit Saint,
- interprétée par l’Eglise
- et vivante aujourd’hui.

Comme une longue chaîne de fabrication qui commence dans le coeur de Dieu et aboutit au livre impressionnant que nous avons entre les mains. L’exploration commence...

Une Parole révélée aux hommes

Pour entrer dans la Bible, il faut se mettre une idée en tête : Dieu intervient dans l’histoire. Le Dieu des chrétiens est un Dieu d’amour, qui veut établir une relation avec les hommes, il ne les abandonne pas à leur destin comme un horloger abandonne le mécanisme qu’il a construit. Chaque moment de l’histoire est un aujourd’hui où Il intervient.

Prenons un exemple : celui du Buisson ardent. Moïse faisait paître les troupeaux de son beau-père, quand tout à coup...

L’Ange de Yahve lui apparut, dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson. (...) Dieu l’appela du milieu du buisson. "Moïse, Moïse", dit-il, et il répondit : "Me voici." (...) Et il dit : "Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob." Alors Moïse se voila la face, car il craignait de fixer son regard sur Dieu. Yahve dit : "J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel." (Ex 3)

Cet exemple d’intervention se répète tout au long de la Bible : Dieu fait sortir Abraham d’Ur en Chaldée, il transforme Jacob en Israël et ses douze fils, il fait sortir les Hébreux d’Egypte, il choisit David comme roi, il inspire les prophètes et surtout Il envoie son Fils accomplir l’Ecriture... avant de fonder l’Eglise par l’effusion de l’Esprit.

Dieu se révèle donc à certains personnages, et leur transmet un message important pour le Salut des hommes : c’est là le début de la Révélation que nous connaissons.

Cette Révélation est complète et définitive en Jésus-Christ : c’est Lui qui manifeste Dieu parfaitement. Non seulement Il accomplit tout ce que l’Ancien Testament avait prédit de Lui, mais surtout Il est lui-même La Parole (comme le dit Saint Jean dans son prologue : « le Verbe s’est fait chair »). Il accomplit le Salut de tous les hommes par le mystère de sa Passion, mort et Résurrection, qui constitue le centre de toute la Révélation.

Enfin soulignons que cette Révélation a toujours le même but : le Salut des hommes. Si Dieu intervient, c’est pour « libérer le peuple de l’esclavage » : l’esclavage physique des Hébreux en Israël, qui est une image de l’esclavage du péché dans lequel tous les hommes sont enfermés. Jésus sera le nouveau Moïse qui vient nous libérer. Le dessein de Dieu, manifesté dans le message biblique, est de sauver les hommes.

C’est ce qu’affirme le Concile :

Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1,9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit-Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine. (Dei Verbum, 2).

Une Parole transmise au long des générations

Revenons à notre exemple du Buisson Ardent : Moïse a reçu une mission très importante, celle de libérer Israël de l’Egypte. Cette libération, et l’Alliance faite au Sinaï, sera l’évènement fondateur de toute l’histoire d’Israël. Moïse est donc un médiateur entre Dieu et les hommes ; il consulte régulièrement ce que veut le Seigneur (dans la Tente) et il l’explique à ses frères. Ainsi :
Lorsque Moïse entrait devant Yahve pour parler avec lui, il ôtait le voile jusqu’à sa sortie. En sortant, il disait aux Israélites ce qui lui avait été ordonné, et les Israélites voyaient le visage de Moïse rayonner. Puis Moïse remettait le voile sur son visage, jusqu’à ce qu’il entrât pour parler avec lui. (Ex 34, 34.35)

On comprend que cette Parole de Dieu, transmise par Moïse, était très importante pour les Israélites, qu’elle constituait leur trésor au milieu du désert. Elle était à la fois leur législation (les 10 commandements) et leur Alliance avec Dieu.

On est alors vers l’an 1250 avant Jésus-Christ : ils forment un peuple nomade. La Parole de Dieu s’est donc transmise de génération en génération par voie orale, jusqu’à ce qu’elle soit fixée par écrit pendant la monarchie, quelques siècles plus tard. C’est pourquoi on peut discerner dans les textes du Pentateuque (les 5 premiers livres de la Bible) diverses traditions qui sont les diverses sources orales qui ont servi de matériel aux scribes pour écrire les livres saints. Offrons un exemple simple de ces traditions : le récit de la Création de l’homme. On en trouve deux dans la Genèse, qui sont très différentes :

Dieu dit : "Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre." Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. (Gn 1, 26)
Alors Yahve Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant. (Gn 2, 7)

La première tradition est sacerdotale, de style rituel (sept jours avec toujours la même structure), composée dans le but de donner une explication globale de la Création ; la seconde est yahviste, plus personnaliste, et s’intéresse au problème du bien et du mal (d’où le récit du péché originel...).

Mais il y a également des cas où la transmission de la Parole a été beaucoup plus directe : c’est le cas des évangiles (écrits à partir des récits des témoins directs) et surtout des lettres des apôtres (Saint Paul par exemple) qui décrivent directement la Révélation qu’ils ont reçue. Quant à l’Apocalypse, elle est fruit d’une vision directe de l’apôtre Jean... Voici comment Saint Paul explique tout cela aux Corinthiens :

Je vous rappelle, frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; sinon, vous auriez cru en vain. Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures (1 Co 15)

Voici donc le premier élément de notre « chaîne » qui conduit à la Bible : des Révélations de Dieu à certains hommes, pour le Salut, qui se sont transmises de génération en génération jusqu’à aboutir au texte écrit dont nous disposons. Mais, à travers tant d’intermédiaires, peut-on toujours parler de Parole de Dieu au sens strict ? N’y a-t-il pas eu des falsifications, des pertes de sens, des incompréhensions au cours de ce processus ? Nous avons tous joué au téléphone arabe et savons combien le message peut se transformer en multipliant les intermédiaires...

Une Parole inspirée par l’Esprit Saint

Une fois qu’Il lui a révélé le Salut, Dieu abandonnerait-il l’homme ? Non, bien sûr : il ne laisse pas le message se perdre dans les méandres de l’histoire, mais il veille pour qu’il parvienne à son destinataire. Par la Révélation, c’est comme s’il nous écrivait une lettre : elle nous est transmise à travers les siècles, et lorsque nous recevons la Bible dans l’Eglise, c’est cette même lettre que nous découvrons. Son message est extrêmement important : l’Esprit Saint veille donc pour qu’il nous arrive tout entier et sans modifications. C’est ce que nous appelons l’Inspiration.

Nous croyons donc que l’Esprit Saint inspire l’auteur sacré (qui met par écrit le texte de la Bible) pour qu’il écrive tout ce qu’Il veut, sans rien omettre ni ajouter, et sans aucune erreur. La Bible a donc deux auteurs, Dieu et l’homme : Dieu, comme celui qui se révèle et inspire l’auteur, et l’écrivain sacré, qui appartient à une communauté (juive ou chrétienne) et obéit à Dieu. Le prophète Jérémie nous donne un exemple :

La quatrième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda, la parole que voici fut adressée à Jérémie de la part de Yahve : Prends un rouleau et écris dessus toutes les paroles que je t’ai adressées touchant Israël, Juda et toutes les nations, depuis le jour où je commençai à te parler - au temps de Josias - jusqu’aujourd’hui. (Jr 36, 1-2).

Cela veut-il dire que l’écrivain sacré n’est pas libre, qu’il n’est qu’un automate ? Bien au contraire : Dieu respecte sa liberté comme celle de chacun de nous, il la favorise même, mais il l’incline pour amener l’homme à écrire ce qu’Il veut. Cela se voit dans la diversité des textes que nous trouvons dans la Bible, qui montrent chacun une sensibilité particulière (des poètes, des prêtres, des législateurs, des historiens...) dont Dieu s’est servi pour écrire Son Livre.

Les théologiens l’expliquent par une image : regardons un peintre qui réalise son tableau. Il utilise un pinceau qui, en fait, est celui qui physiquement réalise l’œuvre, sous l’action du peintre. Il garde toutes ses propriétés de pinceau (un simple objet qui ne peut rien comprendre) mais dans les mains du peintre il devient l’auteur du tableau. De même, Dieu écrit la Bible en se servant des hommes, qui écrivent une histoire sacrée qui les dépasse largement, tout en gardant leurs propriétés d’hommes (l’écrivain est vraiment libre, il est vraiment l’auteur - humain - du livre sacré).

Voilà comment le Concile Vatican II décrit ce phénomène :

En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement. (Dei Verbum, 11).

On comprend donc que c’est un phénomène très mystérieux, qui échappe à notre compréhension. On pourrait le comparer à l’Eucharistie : nous travaillons humainement pour réaliser une hostie (fruit de la terre et du travail des hommes), mais lorsque le prêtre prononce sur elle les paroles de la Consécration, Dieu la transforme en Corps du Christ. De la même façon, sous la motion de l’Esprit Saint, les écrivains sacrés ont composé différents livres, qui sont à la fois vraiment leur oeuvre, une oeuvre humaine, et celle de Dieu en eux. En quelque sorte, leur parole a été faite Parole de Dieu.

Une Parole interprétée par l’Eglise

Nous voilà donc avec un texte sacré, qui est le fruit de la Révélation, de la Transmission et de l’Inspiration. Mais soyons honnêtes : souvent il nous reste très obscur... Qui nous l’expliquera ? D’ailleurs, nous ne le recevons pas directement de Dieu, mais il a fallu le traduire, choisir quels sont les livres sacrés, les organiser, etc. Qui accomplit ce rôle ?

C’est là qu’intervient l’Eglise : l’homme n’est pas un individu isolé, qui devrait tout reconstruire en faisant table rase du passé, il est au contraire membre d’une communauté de croyants. Dans l’Ancien Testament, c’était Israël, le Peuple élu. Nous avons vu comment Moïse était envoyé pour le libérer de l’Egypte et conclure en son nom l’Alliance avec Dieu.

Aujourd’hui, c’est l’Eglise : cette Communauté de croyants qui fait naître chaque chrétien à la vie en Dieu (baptême), l’éduque dans la foi (catéchèse), le nourrit par l’Eucharistie, etc. La Bible est elle aussi une nourriture pour l’esprit : c’est l’Eglise qui nous la fournit.

Ainsi Dieu a-t-il voulu l’Eglise pour accomplir tout ce service de la Parole : depuis les traductions, le choix des textes (le Canon), l’interprétation authentique de leur sens, leur application à la vie du chrétien (que faut-il croire ? que faut-il faire ?), etc. En particulier, c’est par elle que les sacrements nous sont donnés comme mise en pratique de la Parole de Dieu.

Cela se voit déjà dans la Bible : rappelons-nous la Pentecôte. Après l’effusion de l’Esprit Saint, Pierre tient un discours aux juifs présents. Ce discours les convainc et...

D’entendre cela, ils eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux apôtres : "Frères, que devons-nous faire ?" Pierre leur répondit : "Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit". (Ac 2, 37-38)

C’est ce qui constitue la Tradition. Contrairement aux protestants, qui n’acceptent que l’autorité de l’Ecriture (sola Scriptura selon Luther), le catholique croit qu’il y a une unité profonde entre l’Ecriture et la Tradition : toutes deux constituent l’unique proclamation de l’Evangile.

Nous avons vu comment cette Tradition remonte aux apôtres eux-mêmes (c’est Pierre qui indique aux convertis que faire) ; à travers les siècles, elle est comme un long fleuve qui prend sa source dans la Révélation divine et nous rejoint pour nous donner la vie. L’histoire le montre : par la méditation et la contemplation, l’intelligence du texte (sous l’influence de l’Esprit Saint) s’approfondit toujours plus ; et le Christ confie aux évêques la tâche d’interpréter correctement l’Ecriture, de la mettre en pratique aujourd’hui.

Le simple bon sens vient d’ailleurs aider la foi : comment ne pas avoir confiance en l’Eglise qui depuis deux millénaires nous enseigne une doctrine qui n’a jamais été prise en défaut, et qui s’approfondit toujours plus ? Qui suis-je pour contester les textes avec lesquels des générations de chrétiens ont prié, adoré ; qui suis-je pour remettre en question ce que tant de croyants ont chanté et célébré ? N’est-ce pas le signe d’un orgueil bien contemporain que de tout remettre en question au lieu de se remettre en question soi-même ?
Pour accueillir la Tradition telle qu’elle est vraiment, il faut se mettre à genoux et écouter l’apôtre Jean nous dire à la fin de sa vie :

Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; - car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue - ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. (1 Jean 1-3)

Une Parole Vivante

Nous voilà arrivés à la fin de notre parcours. Nous avons en main la Bible, cette Parole de Dieu que l’Eglise nous fournit avec amour. Elle est un aliment pour toute notre vie chrétienne : en effet elle nous apprend ce que nous devons croire, comment prier, comment agir dans diverses circonstances, ce qui nous attend après la mort...

A tel point que le Concile a adopté la même expression pour l’Ecriture et l’Eucharistie : ce sont deux tables où le fidèle vient trouver sa nourriture, comme Marie qui était aux pieds de Jésus et qui l’écoutait pendant que sa sœur se démenait pour les soins du service. Aujourd’hui encore, la Parole transforme notre vie au milieu de l’agitation qui nous submerge. Il faut simplement l’accueillir, nous laisser modeler par elle, faire en sorte que Dieu prenne sa place dans notre vie par son intermédiaire.

Saint Paul l’exprime très clairement :

Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensée du cœur. (Heb 4, 12)

Finalement, l’Ecriture est la Parole de Jésus. Par elle, Il parle à notre cœur, il nous invite à le suivre, selon la vocation concrète à laquelle chacun est appelé. Et si nous le laissons faire...

En bref :
Rappelez-vous que c’est une même Parole de Dieu qui s’étend dans toutes les Ecritures, que c’est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n’y a pas besoin de syllabes parce qu’il n’y est pas soumis au temps (S. Augustin, Psal. 103, 4,1).

Pour aller plus loin

Le Concile Vatican II a proclamé une Constitution Dogmatique sur la Sainte Ecriture, qui s’appelle Dei Verbum et que l’on ne saurait que trop conseiller de lire. En voici quelques extraits selon les cinq points que nous avons développés.

- Révélation

Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu "en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils" (He 1,1-2). Il a envoyé en effet son Fils, le Verbe éternel qui éclaire tous les hommes, pour qu’il demeurât parmi eux et leur fit connaître les secrets de Dieu (cf. Jn 1,1-18). Jésus-Christ donc, le Verbe fait chair, "homme envoyé aux hommes", "prononce les paroles de Dieu" (Jn 3,34) et achève l’oeuvre de salut que le Père lui a donnée à faire (cf. Jn 14,9) - qui, par toute sa présence et par la manifestation qu’il fait de lui-même par paroles et oeuvres, par signes et miracles, et plus particulièrement par sa mort et par sa résurrection glorieuse d’entre les morts, par l’envoi enfin de l’Esprit de vérité, achève en la complétant la révélation, et la confirme encore en attestant divinement que Dieu lui-même est avec nous pour nous arracher aux ténèbres du péché et de la mort et nous ressusciter pour la vie éternelle. L’économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ (cf. 1Tm 6,14 cf. Tt 2,13) (Dei Verbum 4)

- Transmission

Cette Révélation donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même bienveillance, prit des dispositions pour qu’elle demeurât toujours en son intégrité et qu’elle fût transmise à toutes les générations. C’est pourquoi le Christ Seigneur, en qui s’achève toute la Révélation du Dieu très haut (cf. 2Co 1,30 ; 3,16-4,6), ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l’Evangile d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses apôtres de le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale, en leur communiquant les dons divins. Ce qui fut fidèlement accompli, tantôt par les apôtres, qui, dans la prédication orale, dans les exemples et les institutions transmirent, soit ce qu’ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec lui et en le voyant agir, soit ce qu’ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit, tantôt par ces apôtres et par des hommes de leur entourage, qui, sous l’inspiration du même Esprit-Saint, consignèrent par écrit le message de salut. (Dei Verbum 7)

- Inspiration

La vérité divinement révélée, que contiennent et présentent les livres de la Sainte Ecriture, y a été consignée sous l’inspiration de l’Esprit-Saint. Notre sainte Mère l’Eglise, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l’inspiration de l’Esprit-Saint (cf. Jn 20,31 2Tm 3,16 2P 1,19-21 3,15-16), ils ont Dieu pour auteur et qu’ils ont été transmis comme tels à l’Eglise elle-même. En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement. (Dei Verbum 11)

- Tradition

La sainte Tradition et la Sainte Ecriture sont donc reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux, jaillissant d’une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin. En effet, la Sainte Ecriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit ; quant à la sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu, confiée par le Christ Seigneur et par l’Esprit-Saint aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l’Esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l’exposent et la répandent avec fidélité : il en résulte que l’Eglise ne tire pas de la seule Ecriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation. C’est pourquoi l’une et l’autre doivent être reçues et vénérées avec un égal sentiment d’amour et de respect (Dei Verbum 9)

- Parole vivante

L’Eglise a toujours vénéré les divines Ecritures, comme elle l’a toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. Toujours elle eut et elle a pour règle suprême de sa foi les Ecritures, conjointement avec la sainte Tradition, puisque, inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la parole de Dieu lui-même et font résonner dans les paroles des prophètes et des apôtres la voix de l’Esprit-Saint. Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne elle-même, soit nourrir et régie par la Sainte Ecriture. Dans les Saints Livres, en effet, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux ; or, la force et la puissance que recèle la parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’Eglise, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Eglise, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. Dès lors ces mots s’appliquent parfaitement à la Sainte Ecriture : "Elle est vivante donc et efficace la parole de Dieu" (He 4,12), "qui a le pouvoir d’édifier et de donner l’héritage avec tous les sanctifiés" (Ac 20,32 1Th 2,13). (Dei Verbum 21)